Un enfant sur huit présente des difficultés émotionnelles ou comportementales avant l’âge de 12 ans, selon les dernières données de l’Inserm. Les premières manifestations surviennent parfois dès la maternelle, mais passent souvent inaperçues ou sont attribuées à une phase passagère.
Un retard de diagnostic augmente considérablement le risque de complications scolaires et relationnelles. Certaines familles ignorent encore l’existence de dispositifs d’accompagnement adaptés ou hésitent à solliciter un avis spécialisé, malgré une multiplication des ressources disponibles ces dernières années.
Repérer les troubles comportementaux chez l’enfant : quand s’inquiéter ?
Déceler un trouble chez l’enfant demande de l’attention, sans se laisser piéger par les jugements faciles. Oui, les enfants ont leurs tempêtes, mais certains signaux ne s’effacent pas. Ils s’installent, s’étirent dans le temps, dépassent le simple caprice ou l’opposition du moment. Souvent, l’école donne l’alerte : refus d’obéir, isolement, agitation persistante, colères qui explosent et ne redescendent pas. Ce n’est pas la simple fréquence qui compte, mais l’intensité, la durée et la façon dont ces comportements s’incrustent dans le quotidien.
Pour identifier un trouble du comportement, il s’agit de faire la différence entre une réaction passagère et un mode d’expression qui finit par dominer. Quand l’enfant n’arrive plus à canaliser ses émotions, perturbe en classe, ou semble envahi par l’anxiété, la question de la santé mentale de l’enfant n’est plus à écarter. Les troubles comme le trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) se traduisent souvent par une impulsivité difficile à freiner, une agitation permanente, des oublis qui s’accumulent. D’autres troubles s’expriment plus discrètement : repli sur soi, sommeil perturbé, désintérêt inhabituel pour les jeux ou l’école.
Voici les repères qui aident à faire la part des choses :
- Durée : lorsque les difficultés s’étendent sur plusieurs semaines ou mois, il ne s’agit plus d’un simple passage à vide.
- Impact : la vie scolaire, la relation aux autres enfants ou à la famille se détériore nettement.
- Répétition : ces comportements se manifestent dans plusieurs environnements (école, maison, loisirs), pas seulement dans un contexte isolé.
Devant ces signes d’alerte, il ne faut pas minimiser les observations des enseignants, des proches ou des professionnels. L’Hexagone a développé des réseaux d’appui, mais tout commence par ce premier repérage, ce premier pas qui change la donne. Repérer, c’est déjà amorcer le mouvement.
Comprendre les causes : entre facteurs individuels et environnement familial
Pour saisir d’où viennent les troubles chez l’enfant, il faut croiser les points de vue. Chaque parcours est unique : l’hérédité se mêle à l’histoire familiale, le contexte social façonne les réactions. Certains éléments relèvent du propre vécu de l’enfant : vulnérabilités neurodéveloppementales, antécédents médicaux, conditions de naissance, présence de troubles associés. D’autres facteurs se jouent dans la sphère familiale : qualité du lien parent-enfant, stabilité du foyer, gestion des conflits.
Parmi les éléments à surveiller dans l’entourage familial :
- La structure familiale : événements tels que séparations, recompositions, absence prolongée d’un parent peuvent fragiliser l’équilibre de l’enfant.
- Le climat émotionnel : tensions continues, stress, difficultés économiques ou parcours migratoires pèsent sur l’état psychique de l’enfant.
La santé mentale d’un enfant reste toujours liée, d’une manière ou d’une autre, à ce qu’il vit au quotidien. L’Organisation mondiale de la santé souligne que la prévention commence par le soutien aux familles et la réduction des inégalités. Les professionnels de l’enfance en France l’observent : les demandes de consultation pour anxiété, troubles du comportement ou difficultés relationnelles augmentent régulièrement.
Certains facteurs individuels accentuent la vulnérabilité : difficultés cognitives, tempérament difficile, hypersensibilité. Face à cette complexité, il serait absurde de chercher une explication unique. Chaque enfant mérite qu’on s’attarde sur sa trajectoire, ses interactions avec le monde, l’histoire familiale et l’environnement dans lequel il grandit.
Quels signes doivent alerter les parents au quotidien ?
Pour repérer un trouble chez l’enfant, il faut observer ce qui change dans la vie de tous les jours. Un changement d’humeur soudain, un isolement inhabituel, une irritabilité qui ne s’éteint plus : ces signaux méritent d’être pris au sérieux, surtout s’ils durent et compliquent la vie de famille ou la scolarité.
Les difficultés d’attention sont courantes chez les petits, mais si elles s’accompagnent d’agitation permanente, d’impulsivité marquée ou d’une incapacité à suivre les consignes, il ne s’agit plus seulement de distraction. Certains enfants ont du mal à entrer dans la lecture ou l’écriture malgré des efforts répétés ; d’autres semblent maladroits, évitent les jeux de construction ou se disent vite épuisés à l’école. Cela évoque les troubles dys, qui se manifestent de différentes façons :
- dyslexie : problème pour lire et comprendre les mots
- dyspraxie : maladresse, gestes lents ou difficiles au quotidien
- dysphasie : difficulté à s’exprimer oralement
- dyscalculie : obstacles dans la manipulation des chiffres
- dysorthographie : persistance des erreurs d’orthographe malgré un suivi scolaire normal
Selon les estimations, entre 6 et 8 % des enfants en France seraient concernés par un trouble « dys ». Ces difficultés ne sont ni des caprices, ni le signe d’un manque de volonté. Elles pointent vers une difficulté d’apprentissage ou de comportement authentique, qui doit être reconnue tôt. Parents, enseignants, soignants : tous ont le même enjeu, celui de repérer rapidement les signes pour ouvrir la voie à un accompagnement adapté, et éviter que le doute ne s’installe durablement.
Ressources et solutions pour accompagner son enfant et sa famille
Accéder à des ressources adaptées demande souvent de la persévérance. Prendre rendez-vous en orthophonie, consulter un ergothérapeute ou rencontrer un spécialiste représente une première étape pour bien des familles. Le territoire français propose un large réseau de professionnels de santé et de professionnels de l’éducation engagés aux côtés de ces enfants. Se tourner vers un centre médico-psychologique ou un centre d’action médico-sociale précoce permet de déclencher un accompagnement pluridisciplinaire, basé sur une évaluation personnalisée.
La collaboration avec l’école s’impose comme un levier central. L’équipe pédagogique peut mettre en place des aménagements scolaires sur-mesure : supports adaptés, temps majoré lors des évaluations, recours aux outils numériques. Les parents bénéficient d’un droit à l’information, mais aussi d’une place active dans la construction des projets d’accompagnement. Les enseignants référents, référents handicap ou psychologues scolaires jouent à ce titre un rôle déterminant.
D’autres pistes émergent, comme le neurofeedback ou le biofeedback, des approches innovantes qui suscitent l’intérêt, même si leur efficacité doit encore être confirmée par la recherche. Les associations spécialisées, notamment la Fédération Française des DYS, s’engagent au quotidien : elles orientent les familles, facilitent l’accès aux informations pertinentes et défendent les droits des enfants concernés. La santé mentale de l’enfant s’inscrit dans un effort collectif : chaque parent, chaque professionnel, chaque acteur du système contribue à bâtir les conditions nécessaires à l’épanouissement de l’enfant.
Devant ces défis, une certitude s’impose : identifier tôt, accompagner sans relâche, c’est offrir à chaque enfant la chance de tracer sa route, sans jamais laisser ses difficultés définir qui il deviendra.


